T 6
« Il faut être quelqu’un pour produire quelque chose. »
Goethe.
Dans l’entrebâillement d’une porte ouverte : y a quelqu’un ?
Quelqu’un, rien qu’un mais est-il là vraiment ?
Le vent pousse les nuages derrière l’horizon, des cargaisons de nuages venus d’on ne sait d’où, rassemblés, imbriqués les uns dans les autres en une nuit sous le regard attentif de la lune montante. Est-ce bien le souffle du vent ou le frottement caillouteux des nuages derrière l’horizon. Et si c’était autre chose qui ressemblerait à un chuchotement ? Quelqu’un se tiendrait debout au milieu de la lande, immobile les yeux à peine ouverts pour se protéger de la piqûre des aiguillons du vent. D’où vient-il ? Qui est-il ? Ne fait-il que passer ou se décidera-t-il à poser son sac. Pourquoi pas au milieu de la lande, en cet endroit précis, le centre vélique de la rose des vents. Comme il l’avait fait mais il ne se souvient plus vraiment quand, il s’était senti alors plus lourd. On devient quelqu’un aux yeux des autres et de soi-même quand vient l’impression de peser et d’avoir acquis une densité ou peut-être un volume.
Son unique certitude, être quelqu’un car il l’est devenu. Cela n’a pas toujours été facile. Ce n’est pas un hasard si tout commence par un cri. « Il faut être quelqu’un pour produire quelque chose. », alors oui, il a produit de l’ordre et du désordre, de la joie et de la tristesse, un peu d’amour presque pas de haine.
Il se surprend à pousser une porte : y a quelqu’un ? Des heures assis derrière la fenêtre, la pluie se fracasse sur les carreaux. Il serait facile d’imaginer des gens autour de soi mais il souhaiterait n’en rencontrer qu’un seul. Cela suffirait pour répondre à la question posée : y a quelqu’un. Qu’est-ce que c’est quelqu’un. De quoi est-ce fait et ce qui se dissimule à l’intérieur. Si seulement il obtenait une réponse, un mot pour le plaisir d’entendre une voix. Un mot qui ne serait pas emporté par le vent. Un mot qui ne serait pas un songe.
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