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« Tous les tourments que nous souffrons à cause de ce qui nous manque me paraissent venir d’un manque de gratitude pour ce que nous avons. »
Daniel Defoe, Robinson Crusoé.
« Rien n’est suffisant pour qui pense que le suffisant est peu. »
Epictète.
« Avoir » est un verbe approximatif, tant de façons d’avoir qui débordent les limites de la possession tels qu’un bien matériel, une maladie, un sentiment. Aussi bien les manières de ne pas avoir sont multiples et provoquent de la souffrance. Il est certain que seul et quasiment nu sur une île déserte comme pouvait l’être Robinson Crusoé, la conscience de posséder n’est pas la même que de se trouver assis à la terrasse d’un café boulevard Saint Germain à Paris. Nous sommes confrontés à un manque qui va de l’écorchure à la plaie profonde qui ne se referme jamais. Nous sommes aussi tous inégaux devant nos dépossessions mais si nous n’avions qu’un seul point commun, je dirais que nous avons soif. Le besoin que nous ayons de nous désaltérer nous conduit à une sorte d’aveuglement. Nous allons chercher loin ce que nous pourrions atteindre sans trop d’effort. Très justement Daniel Defoe écrit dans son Robinson, « Tous les tourments que nous souffrons à cause de ce qui nous manque me paraissent venir d’un manque de gratitude pour ce que nous avons. »
La gratitude, qu’est-ce que c’est ? Savoir dire merci ? A qui ? Peu importe, à la vie. La vie qui nous offre des richesses insoupçonnables car nous sommes gens trop pressés pour les discerner, toujours dans le besoin de nous désaltérer.
Mais ce n’est pas seulement dire merci, dans le mot gratitude pointe une ferveur indéterminée qui ressemble à une forme de reconnaissance proche du remerciement mystique : « Merci mon Dieu de m’avoir donné… ». C’est aussi savoir se regarder tel qu’on est, en toute objectivité, constater ses qualités et ses faiblesses. Tenter de ne pas perdre les premières, s’efforcer de ne pas se laisser dominer par les secondes.
« Rien n’est suffisant pour qui pense que le suffisant est peu. » Epictète. Un peu de gratitude pour ce que nous avons éloignerait l’idée que le suffisant est peu quand bien même il ne faudrait pas se suffire à soi-même.
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