T 52 (Suite de T 51)
« L’obtention n’est pas gain, comme on croit, mais la perte du manque. »
François Jullien, Philosophie de vivre.
Je n’en finirai pas de citer les écrits de François Jullien, tant mieux si je le rencontre dans plusieurs petits territoires. Ce qu’il écrit quelques lignes ou pages plus loin, je ne sais plus, illustre et conclue le phénomène évoqué dans le territoire 51. « L’obtention n’est pas gain, comme on croit, mais la perte du manque. ».
Debout sur mon fil, ce que je viens de lire m’immobilise. Je ne sais plus si je dois avancer, assuré qu’il ne m’est pas possible de reculer. Le vide au-dessus duquel je me trouve, ne serait-il pas l’addition de mes manques ? Combler un vide reviendrait à obtenir un résultat et nous rendre orphelin d’un manque. Ce que je gagne d’une main, je le perds de l’autre. A nouveau le principe des vases communiquant. Je voudrais savoir ce que nous faisons de ces manques que nous avons comblés et qui sont comme des fruits rognés par la gourmandise des petits loirs. Je me risquerai bien à imaginer que la mélancolie est la représentation de la perte du manque. A l’autre bout de la corde, ce vers quoi nous nous dirigeons si nous ne sommes pas entrainés dans la chute, se tient notre aboutissement une fois tous les manques perdus, la mélancolie. Alors oui vraiment, l’obtention n’est pas un gain. Elle n’est qu’une des nombreuses dents sur la roue dentelée qui nous entraine. Le plaisir du résultat est de courte durée, très vite il nous faut recommencer. A la manière de Sisyphe, nous luttons. Il est important de rester debout, combat volontaire parfois désespéré, l’inévitable mélancolie est à portée de main.
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