Caspar David Friedrich (Greifswald 1774-1840 Dresde)
Deux hommes au bord de la mer.
Pierre noire, plume et encre brune, lavis brun.

                                                   Musée d’Etat des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou

6 février 2022.

Ils se sont retrouvés devant, côte à côte, presque épaule contre épaule et chacun portait un curieux chapeau plat. Peut-être sont ils arrivés ensemble ou par des chemins séparés, je ne peux pas dire. Je ne sais pas non plus si le soleil montait ou descendait. Ils se tenaient debout, silhouettes droites sans doute éblouis par les rayons bien qu’il fût tôt ou tard. Aux alentours de ces heures il est possible de garder les yeux ouverts pour contempler l’ascension ou le déclin de l’astre. Ils ne pouvaient s’en approcher, la mer les séparait. Pour toucher le soleil ils se devaient de la franchir, j’avais bien essayé autrefois mais je n’ai jamais réussi.

Je ne peux pas dire non plus s’ils se demandaient comment la traverser, ils avaient pourtant l’air de  comploter quelque chose. Les mots qu’ils prononçaient, je ne les entendais pas. J’ai compris qu’ils avaient marché longtemps. Je ne dis pas cela parce qu’ils paraissaient essoufflés ou fatigués, non je le dis parce que deux silhouettes rassemblées devant la mer à cette heure matinale ou tardive, ont sans doute parcouru un long chemin. On ne se trouve pas par hasard au rendez-vous des heures extrêmes qui ouvrent ou ferment le jour. Il faut y avoir pensé pour se trouver là au bon moment. Peut-être n’avaient-ils pas prévu l’immensité de la mer non plus que l’éloignement insensé de l’horizon et qu’il serait impossible d’approcher le soleil.

Je me suis arrêté un instant derrière eux. Je les ai observé sans qu’ils devinent ma présence. J’aurais pu mais je n’avais pas trop le temps. J’aurais pu leur dire que je les trouvais beaux, qu’ils étaient vêtus avec élégance. Mais après tout ils n’étaient que des hommes.

Je ne l’étais plus depuis longtemps, autant poursuivre ma route sans m’émouvoir davantage.

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