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« Jaillir, bondir, dévorer, fleurir, ces actes obtiennent leur jouissance de leur limite. ».
Pascal Quignard, Sur le jadis.
Alors que je traversais le territoire 40, je m’arrêtais sur la citation de Simone Weil : « Ce qui est souverain, c’est la limite. ». J’effectue un travail sur la citation en évitant de les classer par thème ou par auteur. Il faut comprendre que je me promène dans une forêt sans carte, je ne cherche à suivre aucun sentier plus qu’un autre. L’unique vigilance est d’éviter la redite mais il se trouve que des auteurs éloignés les uns des autres expriment de façons différentes des pensées communes. En observant cette différence, je réalise combien la pensée dans sa singularité est multiforme. Je découvre des territoires variés à l’intérieur d’un même environnement géographique.
Pascal Quignard, « Sur le jadis. », à son tour évoque la limite en esquissant ce qui serait à ses yeux la possibilité de la toucher. « Jaillir, bondir, dévorer, fleurir, ces actes obtiennent leur jouissance de leur limite. ». D’autres verbes d’action pourraient être ajoutés ainsi qui décrivent imparfaitement le sentiment, aimer, méditer, prier. Puisque la jouissance est l’aboutissement de la limite, le verbe jouir se conjugue aussi bien dans un sens charnel que spirituel.
Retenir une nouvelle fois la limite, la retrouver citée si souvent, c’est tenter de localiser notre plafond de verre, celui qui nous pousse au franchissement mais nous enferme en même temps. En qualifiant la limite souveraine, Simone Weil dispose au niveau le plus élevé ce qui est l’aboutissement de nos jouissances et peut-être l’étape la plus éloignée de notre spiritualité.
Amoureux des territoires et des chemins de traverse, je ne peux qu’être fasciné par la limite. Elle est l’origine de mes réflexions, combien de fois n’ai-je pas l’impression de la dépasser ou de me trouver en retrait. La limite est un fil tendu entre le vide et le plein, entre ici et ailleurs, qui ne cesse de provoquer mon envie de sauter par-dessus. Ce désir se transforme en enthousiasme sans limite ou, il faut l’avouer, plus rarement il est vrai, en abattement passager.
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