T 55
« La rivière n’oublie jamais la source car, en s’écoulant, elle est la source elle-même »
Hölderlin.
L’unité que nous sommes, ne pouvons-nous en défaire. Témoins de nous-mêmes mais pas seulement, acteur aussi de notre propre rôle, sans cesse tenter de nous morceler pour nous multiplier, nous surprendre à devenir autre chose. Certains pensent qu’ils ont une prédisposition à faire ceci ou cela, c’est peut-être vrai mais celles et ceux, la plupart d’entre nous, qui ne savent pas pour quoi ils sont faits, répondent à leur tour qu’eux aussi sont fait pour ça : ne pas savoir. Nos efforts sont remarquables pour devenir autre que soi, d’autant plus courageux qu’il ne faut pas s’écarter de la route. En s’éloignant de soi, la peur augmente. La faiblesse ne serait-elle pas de croire que nous prenons le risque de perdre l’unité fondamentale qui nous constitue depuis la naissance, avant même de nous trouver confrontés à l’illusion d’exister. Craignons-nous à ce point qu’en s’efforçant de faire de soi ce que nous souhaitons devenir, de nous retrouver séparés définitivement de notre être premier ? Oui, là se trouve l’émergence de notre peur. Mais nous ne sommes pas sécables ni divisibles. Bien que nous nous considérions fragmentés, que la vie tente de nous imposer des forces de désunions, l’harmonie qui nous est propre ne nous abandonne pas. Il subsiste toujours quelque chose de notre histoire personnelle, les émotions, les douleurs, les joies, quelque chose qui trouve son origine dans le premier cri. Si nous évoluons dans le temps, rien ne nous éloigne de notre source. Nous la portons. Elle nous accompagne. Jusqu’où ? Peut-être même qu’après… Je ne sais pas.
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