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« Les femmes ont besoin des hommes afin qu’ils les consolent de quelque chose d’inexplicable. ».
Pascal Quignard, Les solidarités mystérieuses.
Pascal Quignard écrit une phrase curieuse que je ne suis pas certain de comprendre mais la poésie qui s’en dégage me saisit. Quelquefois la forme poétique occulte le sens. Séduit par la forme, source de musicalité et de couleur au détriment de la compréhension, il m’arrive de me précipiter dans des contre-sens à l’origine de mes nombreuses incompréhensions.
« Les femmes ont besoin des hommes afin qu’ils les consolent de quelque chose d’inexplicable. ».
Trois mots clés : femmes, hommes, quelque chose.
Deux actions : besoin, consolent.
Un mystère : inexplicable.
La phrase se déploie comme une descente vers l’insondable. Curieusement elle débute par une déclaration que d’aucuns trouveraient sexiste. Les femmes ont besoin des hommes, sans doute mais reconnaitre l’inverse n’est pas faux. Poussons cette première barrière et entrons dans le champ de la consolation. Consoler une femme semblerait être le rôle de l’homme pourquoi pas un privilège. La domination reste entière, l’un rend service à l’autre car l’autre, la femme, n’a qu’une seule possibilité pour se consoler, c’est de se tourner vers l’homme. Tout se tient, chacun dans son rôle. Jusque-là rien de très intéressant me direz-vous. Et pourtant si, la chute est belle : la reconnaissance de l’inexplicable. Soudainement l’homme et la femme sont à égalités, ils partagent une identique inaptitude à comprendre. L’homme console mais il est incapable d’identifier la détresse qui pousse la femme vers lui. La femme se tourne vers l’homme pour qu’il l’aide à diagnostiquer ce quelque chose d’inexplicable.
L’affirmation de Pascal Quignard se déplace sur un fil, tendu entre l’homme et la femme. Obligatoirement la vie versera d’un côté ou d’un autre. Du côté de l’amour partagé car souvent deux êtres confrontés à l’incompréhension s’assemblent pour se sentir plus forts ou à l’inverse, aucun lien amoureux n’est possible car devant l’inaptitude de l’un à aider l’autre, la séparation devient inévitable.
Ce qui m’importe c’est ce qui se dissimule derrière la relation, l’inexplicable et la femme. Sans aucun doute un sentiment fort car qui a-t-il d’aussi inexplicable que l’amour entre deux êtres. Dans cet endroit secret l’auteur arrête son verbe qui déploie devant nous le mystère, c’est aussi cela la poésie.
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