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« Un arbre qui tombe fait beaucoup de bruit, une forêt qui germe ne s’entend pas. »

Gandhi.

S’écarter de ce qu’on nous présente comme important et qui ne l’est pas vraiment, par exemple le procès d’un responsable politique pour dissimulation et détournement de fonds, l’emprisonnement d’un capitaine d’industrie pour les mêmes raisons, la polémique sur les femmes musulmanes qui seraient autorisées à porter ou pas le burquini à la piscine et sur les plages, la guerre engagée entre les héritiers d’un chanteur célèbre, la canicule et sa température « ressentie », les déclarations à l’emporte-pièce d’un Président des Etats-Unis, enfin toutes ces « choses  importantes » qui ne le sont pas. Elles occupent notre quotidien, tournent en boucles sur les supports de communication, difficile de les éviter car si ce n’est pas vous qui lisez ou écoutez les nouvelles, il se trouvera toujours quelqu’un pour vous en parler. Je réclame le droit à la surdité au risque de paraitre ignare et désinvolte.

« Un arbre qui tombe fait beaucoup de bruit, une forêt qui germe ne s’entend pas. ».

Un arbre tombe et c’est une plaie ouverte, une déchirure exposant un entrelacs de racines mutilées dans le trou béant à l’intérieur duquel il avait pris naissance. Foudroyé par l’orage, abattu par l’homme ou pliant sous la vieillesse, l’arbre tombe en provoquant un bruit sourd accompagné d’un bruissement de branches et de feuilles déchirées. C’est un évènement important un arbre qui tombe, plus important que les procès des godelureaux de la politique et du spectacle. Jamais on ne vous informera de la chute d’un arbre à moins qu’il n’ait été planté sous Marie Antoinette. Pourtant continuellement sur la terre des arbres tombent, continuellement des couples partagent la même étreinte. Nous n’entendons que ceux qui font le plus de bruit, ceux qui occupent l’écran, nous assourdissent avec leurs mots. Se prendraient-ils pour des arbres mais ils ne sont que des tiges, des brindilles aventureuses éloignées de leur sol. Des broutilles.

Derrière l’écran mais loin derrière, dans l’obscurité mais pas nécessairement, existe une foule silencieuse qui éprouve du plaisir. Dans une jouissance partagée, elle est une forêt qui germe mais cela ne s’entend pas.

Eteindre le poste, s’éloigner de l’écran, couper les ondes qui encerclent pour se plonger dans le silence fabuleusement bruyant.

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