L’arrogante

Que fais-tu la pie, sur le mur dans ton habit noir et blanc. Sous la pluie et le brouillard à balancer de la tête, sautiller d’une pierre à l’autre, aurais-tu perdu quelque chose, un éclat de verre, un fil doré ou la clé de la porte qui libère la nuit. Je ne porte pas le même habit que toi, je ne possède pas autant de couleurs alors il est vrai je marche au pied du mur dans mon costume noir, peut-être que tout naturellement tu ne me vois pas. J’ai pensé un instant que tu m’ignorais. Continues, gardes de la hauteur, exhibes ta superbe, je sais bien qu’à l’été prochain tu nous assommeras avec tes discours grinçants, tu dérangeras notre sieste avec tes bagarres incessantes, tes mauvaises manières, prête à rudoyer d’un coup de bec le fruit qui souhaiterait avoir le temps de mûrir. Ce que tu ne sais pas, c’est que moi dans mon costume noir avec mes chaussures aux pieds qui n’ont plus de forme, le cuir a pris la couleur verte de l’herbe que j’ai souillée après toutes mes traversées, un jour en avant, l’autre jour en arrière en agrandissant le cercle, toujours plus loin jusqu’à toucher l’horizon, la tête penchée, le regard scrutant le plus petit carré de terre, après avoir retourné les pierres, glissé mes mains sous les racines aériennes des arbres, écouté le vent qui ne cesse de raconter des histoires, je peux te l’annoncer désormais pour te clouer le bec une fois pour toute : Madame la pie malgré mon air pauvre, ma gueule de pas bien cuit et cette façon que j’ai de parler tout seul comme entouré de gens, je ne parle pas d’amis non mais de gens qui marchent à contre-sens, qui possèdent des oreilles mais n’écoutent rien, des yeux mais ne voient rien, avec mon air je suis plus riche que toi.
L’éclat de verre je l’ai ramassé en chemin, le fil doré je l’ai trouvé noué autour du tronc d’un cerisier comme pour indiquer au soleil que c’est à cet endroit que ses rayons doivent se diriger par contre il est vrai, je n’ai pas encore découvert la clé de la porte qui libère la nuit. Continue ton manège, mes trésors sont glissés dans les poches de mon manteau, à force de perdre patience la pie, la pie qui chante faux et se croit être le plus beau des oiseaux, tu ne trouveras jamais rien. L’éclat de verre, le fil doré, passe encore mais sans la clé de porte comment feras-tu pour t’endormir.
Une clé cela devrait bien se trouver. La nuit qui ne demande qu’à sortir ne devrait pas être si loin. Pour trouver le sommeil, comment allons-nous faire.

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