L’examen

Je fus convoqué pour passer un examen. Impossible de savoir lequel, à dire vrai j’en ai passé peu et les ai le plus souvent raté d’où une certaine angoisse qui ne m’a jamais quitté à l’idée de me présenter devant un jury.

En entrant dans la salle fortement éclairée, je crus m’introduire dans un frigidaire. Comme il se doit les tables et chaises étaient espacées pour éviter de communiquer avec son voisin. Les examinateurs distribuèrent les sujets mais ne nous donnèrent pas de feuilles blanches pour nous permettre de répondre. Autour de moi mes camarades du moment sortirent de leurs cartables des paquets de papier format A4. Je ne pensai pas que je dus en apporter alors je demandai à l’examinateur s’il pouvait m’en donner. Sans exprimer une quelconque surprise il me tendit une feuille.
Je lus le sujet et fus rapidement enthousiasmé, cette fois c’était vraiment celui qu’il me fallait pour réussir. Je ne me rappelle plus la matière, littérature, philosophie, mathématique, langue étrangère ? Je pencherais pour un examen de philosophie ou de littérature car je ne cessai pas d’écrire, paragraphes après paragraphes si bien que je n’eus pas assez d’une feuille pour développer mes idées. Une seconde fois je fis appel à l’examinateur, toujours aussi peu surpris par ma demande. A nouveau j’obtins une seconde feuille mais cela ne suffit pas, j’en exigeai d’autres.
A mesure que je noircissais ma copie, l’examinateur m’apporta des feuilles de plus en plus petites. La dernière, peu avant qu’une sonnette crépite à l’intérieur des parois blanches du frigidaire, ne fut guère plus grande qu’une feuille de papier à cigarette. Je m’impatientai et devins vite agacé par ce manque de support. Il me fallut encore et encore écrire, mes pensées s’emballant je n’avais aucun moyen de les retenir. Je ne compris pas pourquoi mon espace d’expression se trouvait ainsi rogné jusqu’à m’interdire de poursuivre le développement, sans aucun doute brillant de mon exposé.

Je sortis lentement de mon sommeil. Il me fallut de nombreuses minutes avant de réaliser que nous vivions une expérience extraordinaire : le confinement.

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