T 14

« La gloire est le résultat de l’adaptation d’un esprit avec la sottise nationale ».

Baudelaire.

Comment juger de la popularité de l’artiste ou de l’intellectuel. Y adhérer totalement au risque de perdre le sens critique pourtant nécessaire ou bien refuser d’emboîter l’enthousiasme du plus grand nombre sous prétexte de préserver sa liberté de penser. J’appartiens trop souvent à cette deuxième famille. Ma démarche naturelle consiste à m’opposer. Je refuse à la majorité le droit de penser pour moi. Je lui conteste la capacité de décider ce qui est vrai sous l’unique prétexte que la vérité appartiendrait au plus grand nombre. Une fois ce constat établi, je ne peux que m’en prendre à moi-même d’avoir ignoré ces êtres populaires qui rythment la respiration de notre société. Par excès d’individualisme, courbé sous ma volonté de ne subir aucune influence, il m’arrive de me sentir vieux quand des années après je découvre les qualités d’un artiste que les médias s’arrachaient. C’est un peu comme refuser de lire Victor Hugo quand il était l’écrivain incontournable de son époque. Si les exemples contemporains ne me viennent pas immédiatement, c’est que sans doute je commencerai à m’y intéresser dans les années futures. Non seulement je perds du temps mais je ne participe pas à l’allégresse populaire qui s’évapore rapidement dans ce monde où la renommée est éphémère.

Baudelaire devrait être plus prudent quand il écrit que « la gloire est le résultat de l’adaptation d’un esprit avec la sottise nationale ».

Que dirait-il aujourd’hui ? La sottise certes se transmet rapidement mais sa renommée littéraire n’a que peu de rapport avec les sots.

0 réponses

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *