T 40

« Ce qui est souverain, c’est la limite. »

Simone Weil.

Il s’agit d’une phrase courte, énigmatique, que l’on se répète comme un exutoire sans la comprendre vraiment. Ebloui par son scintillement, lui trouver une profondeur qui étonne. La phrase sortie de son contexte perd peut-être de sa signification à moins qu’elle n’en trouve une autre. L’auteur exprime ceci, le lecteur comprend autrement. C’est un travers dans lequel il ne faudrait pas tomber au risque de trahir le message écrit. Revenons à cette sentence à ce point courte qu’on la croirait amputée, l’axiome que seule l’auteure comprend vraiment : « Ce qui est souverain, c’est la limite. », .

Pourtant l’écrivain n’a pas la volonté de communiquer quelque chose d’incompréhensible.

Mais qu’est-ce qui est véritablement souverain ? L’homme, la nature, la morale, la foi, l’amour ? Sans doute une abstraction plus que la réalité car rien de ce qui est fabriqué ou produit par l’homme n’est souverain. Dans souverain se cache quelque chose d’indestructible. La souveraineté est la pointe brillante du sommet. Rien ne peut monter plus haut, rien ne trouve autant de force que l’amour, la foi, la morale, la nature et peut-être l’homme. Voilà donc atteinte la limite. Elle est souveraine car indépassable, son périmètre clôture nos interrogations mais faut-il encore savoir la reconnaitre, la situer au bon endroit. L’esprit souvent s’y refuse lorsqu’il imagine qu’il n’y a pas de limite. Et pourquoi se limiter ? Se demander où se situe la limite c’est toucher à la souveraineté de notre raisonnement. « Passez les bornes, il n’y a plus de limites », c’est reconnaitre l’existence d’une limite. Conséquence d’un long parcours intellectuel ou bien expression suprême de l’amour de l’Autre, la limite est sans conteste l’objet de la souveraineté.

(A suivre T 41)

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