Les Petits Territoires 42

T 42

« Une belle femme n’est pas celle dont on vente la jambe ou le bras ; c’est celle dont la beauté globale empêche qu’on arrête son admiration sur l’une des parties. »

Sénèque.

A trop vouloir égalité entre homme et femme jusqu’à renoncer à la galanterie, un de nos piliers qui porte la bienséance dans nos relations, on risquerait de ne plus se sentir ému devant sa beauté. Pourquoi ? Car on nous reprocherait l’outrecuidance d’en parler ou d’en faire le sujet d’une expression artistique.

La femme aurait tort de penser que l’admiration dont elle est la cause, ne s’adresserait qu’à ses attributs et l’idée qu’un homme s’en fait. Au-delà de l’attirance physique naturelle entre l’homme et la femme, c’est autre chose qui apparait et qui n’est plus de l’ordre de la bienséance : la beauté.

Il est vrai que je frôle la goujaterie quand il m’arrive de m’arrêter dans la rue et de regarder une femme inconnue. C’est sans doute ce que les femmes n’apprécient guère. Elles ont raison, le contraire peu probable à mon encontre me gênerait tout autant.

Mais se rendent-elles comptent à quel point leur beauté est prétexte à s’introduire dans l’ailleurs. Je lis dans le Petit Robert la définition de « sublimer » : En chimie, faire passer de l’état solide à l’état gazeux. C’est exactement ce qui se passe. En admirant une femme, je me transforme en état gazeux. Mais c’est toujours ainsi lorsque nous nous trouvons face à la Beauté qui n’est pas que féminine. Alors il serait dommage que devant des convenances excessives, la femme ne nous autorise plus à ouvrir les portes de l’ailleurs, ne nous laissent plus augmenter les territoires de nos rêves et de notre imaginaire. Pour nous retrouver à égalité il serait souhaitable de trouver dans l’histoire de l’art y compris la littérature, autant de témoignages de femmes sur la beauté des hommes qu’il en existe déjà de la part des hommes à propos des femmes. Mais ce n’est pas grave, nous les hommes ne sommes pas comptables de vos admirations, Mesdames.