Henri-Joseph Harpignies (Valenciennes 1819-1916 Saint-Privé)
Les Lavandières, 1871
Huile sur papier, sur toile.
Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris

12 mars 2022

Sur sa gauche, un pont arc-bouté en pierres surplombe le cours rapide de la rivière. Mais il n’est pas visible de l’endroit où il se trouve. Sur sa droite le lavoir constitué de deux grosses cuves creusées dans la pierre noire volcanique, alimentées par un bras d’eau détourné du cours principal.

Trois femmes discutent bruyamment sans se soucier de qui pourrait bien les écouter. Elles ne l’ont pas entendu s’approcher. Le ruissellement de l’eau, les coups de battoir et le bavardage les rendent sourdes aux bruits extérieurs.

Une des trois se lève, se dirige vers une grande panière en osier à l’intérieur de laquelle le linge est plié. Finalement elle se tourne dans sa direction. « Nous avons de la visite ! » déclare-t-elle en se retournant vers ses camarades.

Les deux autres agenouillées sur leurs carrosses ne tournent pas immédiatement la tête, le corps en avant elles frottent le linge avec de la cendre, le plonge dans l’eau claire puis l’essor en le tordant fortement entre leurs mains avant de le battre.

Jakez comprend l’origine des claquements entendu en approchant du centre du village.

Une femme toujours agenouillée soulève le battoir qu’elle abaisse violemment sur les tissus, ils transpirent sous les coups répétés laissant échapper de cette masse molle des perles d’eau mélangées à la cendre diluée.

Jakez demande s’il est possible de trouver un endroit pour rester quelques jours. Il aimerait obtenir un travail, même journalier, simplement pour se nourrir.

Elles échangent quelques mots, évoquent des noms qu’il ne connait pas. Finalement la lavandière qui pliait le linge, la plus âgée, lui conseille d’aller trouver Monsieur Armantin le maire du village. A leur tour elles s’inquiètent de savoir d’où il vient avec son sac sur le dos.

La lavandière qui porte un chapeau de couleur claire entouré d’un ruban noir ajoute :

« Vous savez nous les lavandières, avons du temps pour parler. On sait presque tout sur la vie des gens même des choses qu’on ne devrait pas savoir. Regardez ce linge ! Vous n’imaginez pas à quel point le linge sale est bavard ! ».

« Regardez, voilà Monsieur le Maire de l’autre côté de la rivière. Il va franchir le pont et venir dans notre direction. Vous n’aurez qu’à lui demander. » interrompt celle couverte d’une mantille noire.

0 réponses

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Insérez ici la légende

Insérez votre corps de texte

0 réponses

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *