T 28

« Quand je me lève le matin, je retourne tout de suite au lit. Je suis le plus à mon aise le soir, quand j’éteins la lumière et tire l’édredon sur ma tête. Une fois encore je me redresse, je regarde autour de moi dans la pièce avec une indescriptible satisfaction et alors, bonne nuit, un plongeon sous l’édredon. J’emploie ainsi mon temps : une moitié à dormir et l’autre à rêver. Quand je dors je ne rêve jamais, ce serait dommage ; dormir c’est le comble du génie. »

Kierkegaard, L’alternative.

A une insomniaque :

« Ne fais pas de bruit. N’allume pas la lumière, je viens de prendre un cachet. J’ai oublié de pousser la porte de la salle de bain. Pourrais-tu la fermer pour que le jour ne pénètre pas dans la chambre. »

Elle glisse deux écouteurs dans les oreilles, la radio est à portée de main sur la table de nuit. Je l’observe s’organiser comme si elle partait à la chasse : la chasse au sommeil. Les yeux fermés, les deux mains croisées sur la poitrine, elle attend. Elle attend le sommeil qui ne vient pas malgré le somnifère, malgré les podcast qu’elle écoute la nuit. Elle guette sa venue. Elle est certaine que cette fois ça devrait marcher car elle a mis toutes les chances de son côté, cours de Qi gong, séances d’hypnose, sophrologie.

Tard dans la nuit je suis réveillé par la chute d’un objet. En voulant regarder l’heure, la radio est tombée. Il est trois heures du matin. Elle remet tout en place sans rien dire pour ne pas me réveiller… Je l’entends dénouer les fils des écouteurs avant de les coincer à nouveau dans ses oreilles. Puis elle se tient immobile, couchée, dans l’attente.

Lendemain matin : « Je n’ai pas dormi. Peut-être deux heures…Enfin depuis quatre heures je suis impatiente de me lever. Tu crois que je dormirai un jour ? »

Et si tu essayais de lire Kierkegaard en danois ?

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