T 48

« Quand on peut s’entretenir avec quelqu’un et qu’on ne le fait pas, on gaspille la personne mais quand on ne peut pas s’entretenir avec quelqu’un, et que néanmoins on le fait, c’est sa parole que l’on gaspille. »

Confucius.

Je ne sais pourquoi je ressens l’envie de l’aborder, sans doute une empathie naturelle et la volonté de la connaitre. La personne en question, physiquement proche, à la terrasse d’un café ou bien assise dans un avion, dans un train, dans une salle de concert à moins qu’elle ne suive la même conférence donnée par un intellectuel de renom, bref cette personne je ne la connais pas et pourtant. Sa physionomie m’attire pour des raisons multiples que je n’ai pas le temps de comprendre. Sa façon d’être habillée, le livre ou le journal qu’elle tient à la main, les propos qu’elle partage avec un autre, sa beauté particulière, autant de raisons qui exercent sur moi une attirance singulière. L’envie de lui adresser la parole en m’excusant presque mais voilà je suis soudainement envahi par la timidité. La barrière est infranchissable, persuadé qu’elle m’ignore, je me sens diminué comme un amoureux qui ne réussit pas à déclarer sa flamme. Pourtant ce n’est pas une déclaration d’amour que je souhaite lui faire, simplement échanger quelques mots au sujet de ce qui nous rassemble en ce lieu. Comme il est difficile de se parler entre gens qui ne se connaissent pas. « Quand on peut s’entretenir avec quelqu’un et qu’on ne le fait pas, on gaspille la personne… »

Combien de rencontres manquées avec ceux qu’on voudrait retenir pour partager un instant de plaisir, échanger un geste de complicité. Cela m’a toujours étonné de croiser autant de gens et de n’en retenir quasiment aucun. Quel gâchis !

« …mais quand on ne peut pas s’entretenir avec quelqu’un, et que néanmoins on le fait, c’est sa parole que l’on gaspille. ».

A quoi bon te parler ou t’écrire, toi l’inconnu que je ne peux retenir. Je gaspille le verbe et lance des mots dans le vide. Et pourquoi ne pas inventer un autre qui n’existe pas. Se pourrait-il que mes paroles soient écoutées ? Un quidam peut-être déciderait de s’arrêter. Alors comme au comptoir du café nous pourrions échanger des propos sans craindre de gaspiller.

0 réponses

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *